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Basketball – LYSD adapte ses projets pendant la crise du COVID-19

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Leading Youth, Sport and Development (LYSD) est lauréat Sport & Développement 2019. Retour sur l’origine de l’association, le contexte dans lequel le projet s’inscrit et la façon dont il a été réinventé face à la crise du COVID-19.

S&D : Comment est née l’association Leading Youth Sport and Development ?

LYSD est née de la rencontre à Johannesburg en février 2012, entre Jean-Luc, actuel président de l’association et les dirigeants de la NBA Afrique. Sur les conseils de ceux-ci et avec l’aide d’acteurs œuvrant pour le développement du sport, Jean-Luc Agboyibo a décidé de formaliser un projet associatif en collaboration avec la Chaire Entrepreneuriat Social de l’ESSEC.
Depuis mars 2013 et le lancement de nos activités au Togo, nous avons développé des programmes et organisé des événements avec pour but d’utiliser le sport comme porte d’entrée auprès des enfants et des adolescents.

Créer des synergies avec les autorités locales, construire ou rénover les infrastructures sportives, ainsi que former les éducateurs sont souvent nos premières étapes pour mettre en place des environnements épanouissants pouvant contribuer au développement personnel de chaque jeune.


Vous êtes lauréat S&D – 2019 pour le projet « MiLéDou Togo ».
S&D : Dans quel contexte ce projet s’inscrit-il ?

En Afrique, 41% de la population a moins de 15 ans, le taux de natalité est de 4,7 enfants par femme et les prévisions estiment que le continent dénombrera 2,4 milliards d’individus en 2050.


Cette jeunesse représente d’importantes opportunités mais peut aussi être facteur de risques avec de nombreux freins au développement individuel des jeunes : structure familiale, système éducatif, travail infantile, chômage, tensions communautaires, grossesses précoces, …


C’est dans ce contexte qu’est né le projet Milédou, signifiant « On est ensemble » en mina, dialecte togolais, avec pour objectif de donner un cadre à ces jeunes et de les accompagner dans leur construction personnelle. Le sport, et ici spécifiquement le basketball, permet d’atteindre les jeunes là où ils sont, de leur parler dans une langue qu’ils comprennent et de contribuer à un brassage, sans distinction de genre, d’origine sociale, d’appartenance ethnique ou de confession religieuse.

S&D : Quels sont les objectifs et les principales activités que vous souhaitez mettre en place pour les atteindre ?

Milédou a pour objectif de permettre à des filles et des garçons âgés de 8 à 20 ans d’apprendre à grandir ensemble et d’apprécier leur vie chez eux par le biais d’un réseau d’éducateurs locaux utilisant le basketball comme outil d’épanouissement et d’apprentissage des règles de vie.

En développant des espaces ludiques, en organisant des activités épanouissantes et en créant du contenu reflétant leurs réalités, nous voulons leur donner la possibilité d’avoir accès à une activité extrascolaire, d’intégrer une communauté et de cultiver des règles de vie (assiduité, ponctualité, respect, discipline, confiance en soi), d’avoir des éducateurs qui peuvent jouer un rôle de mentor et d’être sensibilisés sur des sujets tels que l’égalité des sexes, la masculinité, les flux migratoires, l’environnement, le leadership, etc.

Tout cela est rendu possible grâce à la formation, la mise en réseau, l’encadrement et le suivi des 25 éducateurs locaux du programme. Ces derniers sont outillés afin de devenir de véritables repères pour les jeunes. Différentes formations alliant théorie et pratique sont ainsi prévues dans le projet (en sport et éducation avec la venue d’anciens sportifs de haut niveau, en compétences de vie avec le concours d’un psychiatre qui animera des sessions collectives et des sessions individuelles, ainsi qu’en numérique, outil indispensable à l’ère de la mondialisation et du « tout connecté »). Une importance particulière est portée à la mise en réseau des éducateurs.
Parallèlement à cela, les éducateurs animent des sessions d’entraînement de basketball dans les 08 localités du projet à raison de 2 à 3 fois par semaine. La saison de basket-ball est rythmée par une ligue, la ligue Milédou, durant laquelle les différentes équipes se rencontrent et s’affrontent.
Enfin, la création de contenus et la capitalisation des expériences sont une composante à part entière du projet qui permet aux jeunes de s’approprier leur histoire à travers des références qu’ils auront participé à créer


La mise en œuvre de ce projet est en cours depuis octobre 2019 et devrait se terminer en juillet 2021. Une des composantes principales est l’organisation de tournois entre différentes localités…
S&D : Face à la crise du COVID-19, le gouvernement togolais a-t-il imposé des contraintes affectant spécifiquement votre projet ? Plus globalement, quel est l’impact du COVID-19 sur la mise en œuvre de votre projet au niveau du calendrier, des activités, de la gestion budgétaire ?

Le Togo a décrété l’état d’urgence sanitaire depuis le 1er avril 2020. Cela a eu un impact direct sur le projet étant donné que les sports collectifs ont été interdits, tout comme les rassemblements et que certaines villes dans lesquelles le programme est implanté ont été bouclées (cas de Lomé, Kpalimé, Sokodé notamment) ou soumises à des couvre-feux.
Ainsi, à partir d’avril, les entraînements et les matchs ont dû être suspendus. Les phases finales de la ligue initialement prévues en avril en Côte d’Ivoire ont dû être reportées en septembre et se faire sur place en raison de la fermeture des frontières. Le centre Milédou de Kouvé a été entièrement équipé pour permettre la distanciation physique et respecter les mesures barrières (installation de dispositifs de lave-mains, prise de température des joueurs, désinfection régulière des locaux, masques obligatoires, etc.).
La saison 2019-2020 s’est tout de même poursuivie de manière dématérialisée et cette période a permis à bon nombre d’éducateurs de se révéler en prenant conscience de l’importance de créer une chaîne de valeurs sur place et d’évoquer la question de la pérennisation du projet.


Le digital a constitué la clé pour la mise en réseau des éducateurs mais aussi pour maintenir un suivi et un contact auprès des jeunes et de leurs familles. La crise sanitaire mondiale a certes été préjudiciable, mais elle a également permis de faire ressortir le positif au sein de Milédou.

Une plateforme virtuelle via WhatsApp a notamment contribué à proposer 2 fois par semaine des défis sportifs et académiques à près de 350 jeunes du projet. Cet outil est désormais complémentaire de nos autres réseaux sociaux (Instagram, Facebook, Linkedin…).
Cette période a également été l’occasion pour les éducateurs de se réinventer et de développer des compétences dans divers domaines : gestion financière, suivi de projet, photographie, vidéo, construction…
Le volet compétences de vie et santé mentale a également été maintenu grâce aux outils digitaux à travers notre collaboration avec le Dr. Johnson, pionnier de la psychiatrie au Togo qui, à travers des notes vocales et des conférences ZOOM, interagissait avec l’ensemble du réseau. Cette période a permis de faire le point, de resserrer les liens et de renforcer le réseau de solidarité constitué autour de Milédou.

S&D : Quelle a été votre stratégie d’adaptation et quels sont les changements principaux dans la mise en œuvre du projet ?

Grâce aux outils digitaux, les liens entre les éducateurs mais aussi avec les jeunes et leurs familles ont pu être maintenus. Les activités sur le terrain n’ayant pas été possibles d’avril à août inclus, la proposition de défis sportifs, d’exercices physiques et scolaires ont permis de maintenir l’émulation au sein du groupe, que ce soit au niveau des éducateurs et des jeunes. Les éducateurs ont par ailleurs continué à se rendre dans les familles et des accompagnements spécifiques ont été mis en place pour les jeunes et les familles dans le besoin durant cette période.


La nouvelle saison du programme a pu être lancée en octobre, après les finales de la ligue reportées en septembre. Cependant, le respect des mesures barrières étant primordial et le Togo étant encore en état d’urgence sanitaire, les entraînements ont dû être repensés par les éducateurs afin de limiter le nombre d’enfants présents à la fois et de proposer davantage d’exercices par petits groupes plutôt que des rencontres par équipes.


Si le basketball est limité dans la pratique, les autres composantes du projet telles que les formations, le renforcement du réseau des éducateurs ou encore le suivi académique et personnel de chaque jeune, tout comme la création de contenus, sont totalement possibles et ont donc été renforcées.

S&D : Où en est le projet actuellement ? Quels sont les principaux succès déjà rencontrés ?

Le projet Milédou est actuellement à mi-parcours de sa mise en œuvre. Bien que cette saison ait été particulière, elle a révélé la force de Milédou et le réseau d’entraide et de solidarité qui s’est illustré en est l’exemple parfait. A la rentrée, 9 anciens jeunes du programme sont devenus éducateurs débutants au sein de Milédou et nous encourageons le transfert de compétences. Sur le plan scolaire, avec l’arrêt des cours pendant plusieurs mois, nous craignions les décrochages scolaires, mais nous sommes heureux de constater que le taux de réussite aux examens parmi les jeunes du programme a été de 88% chez les filles et 81,25% chez les garçons.

Pour en savoir plus sur LYSD : http://lysdproject.org/