S&D : Comment est née l’association ASDAE ?
En 2011, deux amis, Claudia, jeune française et Philippe, jeune ivoirien, décident de créer deux associations partenaires, une en France, Livr’raison (devenue par la suite ASDAE) et une en Côte d’Ivoire, Livr’raison. Cette idée est née d’une volonté commune de contribuer au développement des populations rurales de Côte d’Ivoire, et notamment des jeunes. Leur premier projet consistait à créer une bibliothèque scolaire dans le sud est de la Côte d’Ivoire, d’où le nom Livr’raison.
S&D : Le projet lauréat S&D se déroule au sein du village de Katia, au nord de la Côte d’Ivoire, en partenariat avec l’association Livr’aison. Quelles ont été les origines de ce partenariat ?
ASDAE et Livr’raison ont été créées en même temps afin d’assurer une véritable complémentarité, l’une œuvrant sur le terrain à la mise en œuvre des projets, l’autre œuvrant depuis la France au montage et au suivi de projet ainsi qu’à la recherche de financements. Depuis leur création, les deux associations travaillent toujours ensemble. Livr’raison Côte d’Ivoire a également tissé des partenariats avec d’autres associations françaises depuis.
Vous êtes lauréat Sport & Développement – 2020 pour le projet « Autonomisation des adolescentes par la pratique du handball et l’accompagnement à l’orientation professionnelle ».
S&D : Dans quel contexte ce projet s’inscrit-il ?
Depuis plusieurs années, un enseignant de l’école initie les élèves (garçons et filles) à la pratique du handball. Ce sport a été particulièrement apprécié par les jeunes filles de l’école (âgées entre 10 ans et 19 ans) car il leur permet d’avoir une activité collective sportive et ludique, différente du football largement pratiqué par les garçons. Toutefois, le village n’est pas doté d’un terrain de sport permettant la pratique du handball. Sans cette infrastructure, la pratique du sport est difficile.
Faisant le constat de cette difficulté et du moteur de changement social que peut être le sport notamment sur les questions d’égalité des genres dans le village, nous avons traduit les besoins exprimés par ce projet innovant qui prend appui sur l’école, lieu de socialisation, pour traiter de sujets qui dépassent le cadre strictement scolaire.
S&D : Quels sont les objectifs et les principales activités que vous souhaitez mettre en place pour les atteindre ?
Ce projet se veut aussi innovant car il articule les objectifs d’égalité de genre via le sport à celle de l’autonomisation via l’accompagnement à la connaissance du milieu professionnel.
En somme, le but de ce projet co-construit avec les acteurs locaux et les bénéficiaires, est de promouvoir l’égalité des genres par la pratique du sport et l’accompagnement à l’orientation professionnelle.
Concrètement, il s’agit de :
S&D : Huit mois après le lancement du projet, qu’avez-vous pu mettre en œuvre et quels en sont les premiers résultats ?
Durant ces premiers mois, la priorité a été de réaliser les travaux pour aménager le terrain d’handball. A ce jour, le terrain est quasiment terminé. En parallèle, il s’agissait d’identifier les professionnelles qui pourront venir présenter leurs métiers aux jeunes filles de Katia. Par ailleurs, les villages alentours ont été consultés pour participer au tournoi qui aura lieu au printemps. Les équipes ont déjà été constituées. Enfin, les autorités locales ont été informées et associées, notamment en vue d’organiser le tournoi.
ASDAE est également lauréate 2014 de l’Agence des Micro Projets, autre programme de La Guilde pour le projet « Soutien à la création d’un jardin maraîcher pour une coopérative de femmes », dans ce même village de Katia.
S&D : En plus de ce projet d’autonomisation des femmes par la pratique du handball, de quelles façons ASDAE et ses partenaires locaux ont-ils un impact positif sur la vie des filles et des femmes du village ?
Notre intervention repose sur trois principes :
Cette approche nous permet d’avoir un impact positif sur la vie des filles et des femmes du village en soutenant des initiatives existantes ou en co-construisant des projets avec elles. Le jardin maraîcher a ainsi permis aux cultivatrices de dégager des revenus leur permettant d’acheter par exemple des fournitures scolaires pour leurs enfants, de cotiser de façon collective à la rénovation de puits dans le village, de créer d’autres parcelles de maraîchage selon les mêmes techniques de cultures responsables et innovantes, de fournir des légumes de qualité à la cantine de l’école, etc.
Nous avons aussi construit des latrines écologiques pour l’école du village, qui était dépourvue de latrines. Cela a contribué à encourager les jeunes filles à venir à l’école, notamment en période de règles.
Par ailleurs, ASDAE a encouragé d’autres associations françaises à mener des projets à Katia, notamment avec l’école. L’une d’elle a par exemple construit une cantine scolaire.
S&D : Quelles évolutions avez-vous constaté sur l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes à Katia depuis le début de vos activités en 2013 ?
Le groupement de femmes cultivatrices que nous avons soutenu occupe désormais une place particulière dans la vie du village. Elles sont reconnues pour la qualité de leur travail et de leurs récoltes. Elles sont même consultées par d’autres villageois de Katia et des villages alentours pour donner des conseils en matière de culture.
L’ensemble des projets menés à destination de l’école ont fortement contribué à faire augmenter le nombre d’élèves inscrits et l’assiduité à l’école, notamment les jeunes filles. En effet, les parents sont désormais d’avantage conscients de l’importance d’envoyer leurs filles à l’école.
Quelques mois après avoir été sélectionnée parmi les lauréats Sport & Développement, ASDAE a également été retenue par Play International pour intégrer son incubateur Playlab.
A suivre !
Pour en savoir plus sur ASDAE : : https://asdaesolidaire.wixsite.com/asdae
Sport & Développement est un programme de La Guilde, soutenu par l’Agence française de développement.
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