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Entretien avec Sylvain Landa, de Sport et Citoyenneté

Sylvain-Landa

Sylvain LANDA
Directeur éditorial, Think tank
Sport et Citoyenneté
Après des études de droit international et une spécialisation en droit du sport, Sylvain occupe depuis onze ans le poste de directeur éditorial du Think tank Sport et Citoyenneté. A ce titre, il coordonne la revue Sport et Citoyenneté, assure le pilotage de différents projets (études, conférences, colloques…), ainsi que l’animation du Comité Scientifique.

Sport & Développement : Le sport est un véritable levier dans plusieurs thématiques du développement comme la mixité, la cohésion sociale ou la paix. Comment le percevez-vous au travers de vos études et publications ?
Sylvain Landa : Non seulement le sport est reconnu comme un droit fondamental au niveau international (explicité dès 1978 par l’UNESCO dans sa Charte internationale de l’éducation physique et du sport), mais il est de plus en plus envisagé par les organisations internationales, sportives et non sportives, comme un outil de développement des sociétés en général. Dans son programme de développement durable à l’horizon 2030, les Nations Unies ont ainsi spécifiquement mentionné le sport comme un élément important du développement durable, par « sa contribution croissante au développement et à la paix par la tolérance et le respect qu’il préconise ; à l’autonomisation des femmes et des jeunes, de l’individu et de la collectivité ; et à la réalisation des objectifs de santé, d’éducation et d’inclusion sociale. »
Notre Think tank travaille sur ces dimensions depuis 12 ans maintenant, et nous constatons que ces sujets sont de plus en plus prégnants. Que ce soit au niveau international, européen ou national, la place du sport se renforce. Mais il reste encore du travail pour que les externalités positives du sport soient davantage reconnues et exploitées.

« Le développement de tels projets en Afrique est donc important, mais ces derniers doivent avant tout s’inscrire dans la durée et s’appuyer sur des structures locales. »

S&D : Pensez-vous que les projets de sport en Afrique peuvent faire évoluer les mentalités sur des sujets tels que l’exclusion de minorités, de genre ou de personnes en situation de handicap ?
Sylvain Landa : C’est certain, et de nombreux projets sont déjà développés en ce sens sur tout le continent. Le sport n’est pas un remède miracle, mais il a de nombreuses vertus. Il permet de jouer ensemble, il favorise la rencontre entre les individus et les peuples. Il peut également servir de support pour évoquer certaines problématiques, parfois lourdes, comme la question de l’exclusion ou de l’égalité de genre. Il peut permettre en outre de s’affirmer dans une communauté, de prendre des responsabilités et d’acquérir des compétences qui seront utiles pour la suite. Le développement de tels projets en Afrique est donc important, mais ces derniers doivent avant tout s’inscrire dans la durée et s’appuyer sur des structures locales pour que leur portée soit la plus forte possible.

S&D : Avez-vous des exemples de projets ou d’acteurs du sport en Afrique qui vous ont marqués ?
Sylvain Landa : Nous avons publié plusieurs revues sur la thématique « Sport et Développement », notamment une à l’occasion de la Coupe du Monde de la FIFA 2010 en Afrique du Sud, dans laquelle plusieurs projets étaient présentés. Plusieurs initiatives me viennent en tête, comme les actions menées par Play International au Burundi, celles de l’association « Fight for Dignity » fondée par Laurence Fischer en République Démocratique du Congo et qui aide les femmes victimes de viols de guerre à « reprendre corps » avec elles-mêmes grâce notamment au karaté, ou bien encore les projets portés par l’association « Terres en mêlées » à Madagascar notamment, autour du rugby. Les projets ne manquent pas ! Mais je pense qu’il serait utile de mieux identifier ces projets, de les accompagner, de les rendre visibles et de mesurer plus finement leurs impacts pour leur permettre de changer d’échelle. Chaque projet s’inscrit dans un contexte propre, mais il y a dans chaque action menée des facteurs-clés de réussite à partager.

S&D : Que pensez-vous de l’approche « microprojets » ?
Sylvain Landa : Il s’agit d’une approche intéressante car elle permet d’identifier et de soutenir des actions diverses, ancrées dans leur territoire et répondant à des besoins exprimés par les populations bénéficiaires. Avec peu de moyens, les résultats peuvent être très importants. Au-delà du soutien financier, l’accompagnement des porteurs de projets est un facteur déterminant. Cette approche « microprojets » a fait ses preuves dans de nombreux domaines, et permettra sans nul doute de multiplier les projets porteurs de sens dans le domaine du sport.