Alex, Eya et Serena, engagés dans une action de promotion du volley pour l’épanouissement de jeunes filles au Togo, nous parlent du rôle du sport dans les programmes de développement et de l’apport des volontaires sur place. Rencontre.
À une centaine de kilomètres au nord-ouest de Lomé, l’Association togolaise pour la promotion du sport pour tous (ATPST) est lauréate de l’appel à projets Impact 2024 International avec un programme de volley-ball à l’école pour l’égalité hommes-femmes. C’est dans ce cadre que l’ATPST accueille à Kpalimé deux volontaires portées par La Guilde pour le déploiement de son action. Rencontre avec Alex, fondateur de l’association, Eya et Serena, engagées de Service civique.
SERENA – On travaille avec six écoles et quatre clubs civils (non scolaires, ndlr), en se partageant la tâche. On fait des séances d’initiations au volley dans les établissements le mercredi et le vendredi, et le samedi dans les clubs civils.
EYA – Tous les élèves sont motivés par ce projet, on sent qu’ils ont toujours une envie de le faire, d’apprendre. Et c’est cool !
ALEX – Nous ne sommes pas encore entrés de plein pied dans le projet, parce qu’on suit les étapes. Nous avons fait une formation sur le tressage des filets à laquelle les écoles ont participé, elles sont pratiquement prêtes. Maintenant nous allons faire la formation sur les gestes techniques pour les enseignants. Mais Eya et Serena ont déjà annoncé la couleur ! En allant dans les établissements pour animer, elles sensibilisent déjà les élèves.
ALEX – Un thème est développé à chaque séance, après le jeu. Ce sont des thèmes qui ont trait aux règles du jeu, aux règles de citoyenneté, de savoir vivre, aux valeurs olympiques… On en discute ensemble avec les enfants qui sont, il faut le dire, des véhicules de ces messages dans leurs communautés.
SERENA – On est aussi beaucoup dans la motivation, pour pousser les enfants à participer !
EYA – Les enfants sont vraiment intéressés par les activités, que ce soit avant ou après. Ils sont toujours concentrés.
EYA – Depuis que nous sommes arrivées, on est allé dans chaque école rencontrer les professeurs, se présenter, discuter sur la mise en place des séances. On vient en soutien du professeur de sport de l’école.
ALEX – Les volontaires donnent une grande visibilité à nos actions. L’association va être mise en avant pendant tout leur séjour à Kpalimé, à travers leurs animations et appuis aux équipes techniques. Cela contribuera à la fois au développement des jeunes filles et à celui de nos activités. Le programme volley est prévu pour durer deux ans, puis les clubs civils poursuivront le travail lancé par l’association.
EYA – J’ai longtemps pratiqué dans un club de Grenoble. J’aime beaucoup le sport, ce qui m’a motivé pour cette mission. Et comme il s’agissait de volley, c’est devenu une évidence !
SERENA – J’ai joué au volley pour la première fois ici ! (rires) Mais je suis une grande fan de sport, j’ai fait de la natation en compétition à Juvisy et du handball à Lille.
EYA – Ça m’a un peu surprise au début, je n’avais jamais entendu parler du sport comme outil de développement. Mais ça tombe sous le sens en fait. C’est du développement abordé de manière ludique, donc ça permet de mieux toucher les enfants.
SERENA – Quand on m’a expliqué pourquoi associer sport et développement, ça m’a paru évident. C’est jouer pour se développer !
ALEX – L’ATPST a été créée il y a 21 ans. Depuis 2017, nous sommes rentrés de plein pied dans le sport pour le développement en suivant des formations. Ce n’est pas quelque chose de nouveau : en tant que professeur de sport, on apprend déjà aux élèves à respecter les règles. L’appellation de sport et développement est apparue avec la définition des objectifs de développement durable, dans lesquels le sport a trouvé sa place. Le travail que nous faisons contribue au changement de mentalités. En s’intégrant dans les ODD, ça nous permet d’obtenir des soutiens, des partenariats pour aider à appliquer concrètement le sport en tant qu’outil pour le changement positif de l’homme.
ALEX – Quand j’étais à Kara, au nord du pays, en 1986, j’ai apporté mon soutien à l’ONG Aide et Action (désormais Action Éducation, ndlr) pour la promotion du volley dans la scolarisation des jeunes filles. En revenant à Kpalimé, j’en ai tiré des conclusions. C’est un jeu sans contacts, qui n’est pas traumatisant, parfait pour faire venir des filles.
ALEX – C’est évident ! Quand on a lancé notre appel à volontaires en Service civique, j’étais heureux de voir que les premières candidates étaient des filles. Elles sont aussi là pour donner le bon exemple à ces filles, qui vont se développer à leur contact.
EYA – On sent que les filles sont très à l’aise avec nous, qu’elles peuvent nous poser toutes sortes de questions. Et quand on sent qu’elles ne se font pas confiance, on leur répète qu’elles sont tout aussi capables de réussir que les garçons, par exemple.
EYA – Oui, un vrai lien se met en place. Ce ne sont pas juste des élèves à qui on apprend le volley.
ALEX – On veut amener jeunes filles au leadership féminin et qu’elles le cultivent. Qu’elles n’abandonnent pas l’école à cause de grossesses précoces ou non désirées par exemple. On accompagne les jeunes filles de familles pauvres pour qu’elles continuent leurs études jusqu’au niveau bac, au moins. On les encourage à travers le sport, avec des récompenses, des prix quand les résultats sont bons, pour qu’elles puissent continuer à se développer. Il faut que ces jeunes filles soient bien cultivées sur les plans physiques et intellectuels pour pouvoir devenir de vraies leaders.
Propos recueillis par Julien Laborda
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